Les anciens métiers
Les savoir-faire artisanaux : Le ciseau et le maillet
Pour la construction du nouvel Hôtel-Dieu au XVIIème, c’est ainsi un maître-maçon qui assurera la maîtrise d’oeuvre et non un architecte. C’est lui qui veillera au bon déroulement du chantier et dirigera les nombreux tailleurs de pierre, dont on retrouve les signatures sur les murs. Ces marques n’étaient pas initialement destinées à passer à la postérité : elles signalaient le nombre de pierres taillées par chaque artisan et permettaient de valider leur salaire, les tailleurs étant payés à la tâche.
Comme le dit si bien Didier Repellin : « Entre la modestie de l’outil et l’excellence du résultat, se trouve tout le savoir-faire humain... ».
L’histoire de la construction de l’Hôtel-Dieu, qui s’étend sur près de 5 siècles, est avant tout l’histoire d’hommes et de savoir-faire, hérités de génération en génération. La lecture des prix-faits, devis de travaux, mandats de paiements conservés aux Archives municipales de Lyon permet la rencontre avec les architectes, maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, menuisiers, serruriers, vernisseurs, marbriers, etc. dont on peut lire les noms et la signature. Derrière chaque matériau posé et travaillé se trouve un homme doté d’outils rudimentaires comme un ciseau et un maillet, mais doté d’un grand savoir-faire, fruit d’une longue expérience acquise auprès d’un maître.
Les pierres de l’Hôtel-Dieu
Secteur XVIIe
Elles proviennent des carrières proches de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et de Saint-Didier-au-Mont-d’Or pour les arcades, les piliers des galeries, les fenêtres, les larmiers doubles, et les encadrements des portes. D’autres proviennent de Saint-Germain-sur-l’Arbresle. Ce sont les pierres jaunes utilisées pour les cheminées. Le pavement des galeries est réalisé en 1628 initialement en pierres grises de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.
Secteur XVIIIe
Les pierres proviennent de plusieurs carrières de la région accessibles par voie fluviale. Elles sont acheminées par le Rhône jusqu’au port du pont de la Guillotière, appelé alors port de l’hôpital, ou par la Saône. Dans ce cas, elles sont transportées sur le chantier via la rue Mercière.
Les moellons
Formant le gros des maçonneries, la pierre cassée provient du Nord de la ville à la hauteur de l’ile Barbe et de Couzon. Cette pierre est ensuite enduite pour résister aux intempéries.
La terre cuite Les carreaux recouvrant toutes les salles de l’Hôtel-Dieu proviennent de Verdun-sur-le-Doubs (Saône- et-Loire). Les carreaux des foyers proviennent de Loire (Rhône).
Les pierres de taille
Celles des carrières les plus proches telle Saint-Fortunat de la paroisse de Saint-Didier-au-Mont d’Or ou bien de Saint- Cyr-au-Mont d’Or sont utilisées pour les façades arrière et les bâtiments perpendiculaires formant les cours intérieures.
Pour la façade, on leur préfère des pierres de taille (apparaissant souvent sous le nom de choin) de VILLEBOIS (Ain) et de SEYSSEL (Haute-Savoie). La pierre de Villebois est utilisée pour le soubassement, les assises, les allèges, les corniches, la balustrade, les pilastres et la frise, la pierre de Seyssel pour les étages.
La ferronnerie à l’hôtel-Dieu
Art du feu et de la courbe, la ferronnerie d’art désigne le travail du fer ou d’autres métaux ferreux à chaud. Elle se caractérise par la qualité artistique des réalisations des artisans. Une profession à ne pasconfondre avec la serrurerie où l’artisan n’utilise pas la forge et ne conçoit pas de motifs ! Dans le passage de la cour du Cloître vers la cour St-Louis, adapté au XVIIIème, le ferronnier a su créer une imposte avec des volutes qui remplissent remarquablement l’espace et un équilibre des rapports fer / pierre mesuré et très posé. Un exploit lorsque l’on imagine qu’au départ, il y a quelques barres de fer carrées, une forge, un marteau et la seule main d’un homme.
Les grilles en fer forgé du secteur XVIIe
Les galeries de la cour du cloître sont fermées par des grilles en fer forgé au sud-est et au nord-est, limitant l’accès du public à cette cour où se concentrent les services ouverts aux malades externes. Les grilles visibles aujourd’hui datent du début du XIXe, hormis la partie supérieure de la grille Sud-Est vraisemblablement antérieure.
